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SAMEDI 20 DéCEMBRE 2025
✍️ CHRONIQUE

Chronique de l’ombre

📝 Par Seif Ouertani 📅 17/11/2025 🕐 19:42:37 ⏱️ 3 min min de lecture
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Il est 6h09. Le quartier respire encore au ralenti, suspendu entre nuit et matin. Les volets sont clos, les pas rares, et dans l’air flotte cette impression que tout peut encore basculer dans le silence. Je referme la porte du cabinet en tirant légèrement dessus pour ne réveiller personne, et je sens déjà que ce jour-là, comme tant d’autres, va se jouer dans les interstices : entre ce qu’on voit et ce qu’on préfère ne pas regarder.


Être infirmier libéral à Nice Ouest, c’est avancer dans ces zones grises, celles où l’on soigne autant les corps que les failles invisibles. Derrière une prise de tension, un pansement, un traitement préparé, il y a des vies entières qui tiennent debout avec ce qu’elles peuvent. Ce sont des sourires qui tremblent, des voix trop basses, des regards qui disent tout sans demander grand-chose.


Ma première visite ce matin, c’est Madame X. Parfois elle dort assise, parfois elle ne dort pas du tout. Elle survit dans cette ombre où les démarches s’entassent, où les refus s’additionnent, où l’on répète la même phrase, sèche et froide :

« Ce n’est pas prioritaire. »


Mais qui décide de la priorité d’un être humain ?

Moi, je ne peux pas l’abandonner dans cette zone-là. Parce que quand j’entre chez elle, avant même de sortir mon tensiomètre, je vois la fatigue incrustée dans son corps, la solitude qui lui colle à la peau, et malgré tout, cette dignité farouche que même la nuit ne parvient pas à éteindre.


Ce matin, je mesure sa tension, je prépare ses médicaments. Des gestes simples, presque banals. Mais derrière eux, il y a l’essentiel : être là, tenir, écouter, rappeler à quelqu’un qu’il n’est pas invisible.


La vérité, c’est que Madame X n’a pas seulement besoin de soins.

Elle a besoin d’un toit. Pas demain. Maintenant.

Parce qu’un toit, c’est le point zéro de tout : la santé, la stabilité, l’avenir. Ce n’est pas une faveur, c’est une nécessité. Une urgence humaine.


Alors je l’ai dit, je l’écris ici, et je continuerai.

Parce que dans l’ombre de nos tournées, se joue parfois ce que d’autres ne voient jamais : la bataille discrète pour rendre un peu de lumière à ceux qu’on laisse trop souvent dans le noir.


Et quand je ferme enfin mon carnet de tournée ,je n ai qu une certitude :demain tout recommence.Et c est très bien ainsi.


Tags : Enfants

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