20h15, j'arrive juste au pied du bloc 15 de la résidence. Ça roulait bien ce soir. Les bâtiments ont été rénovés, peintures, cages d'escalier. Tout est presque nickel, mais « résidence » c'est un peu fort quand même... Je dois monter au 12ème étage voir Monsieur Abed. L'ascenseur fonctionne, ce qui n'est pas toujours le cas. Dans ces tours, les pannes sont fréquentes. Quelques jeunes traînent au pied de l'immeuble. Ils me regardent passer sans dire un mot. Ils ont l'habitude de voir passer les infirmiers dans le quartier. Monsieur Abed, 67 ans, vit seul depuis le décès de sa femme. Il souffre d'hypertension et de diabète. Mes visites nocturnes correspondent à son traitement insuline du soir. "Bonsoir Monsieur Romain", m'accueille-t-il avec son sourire habituel. Son appartement est toujours impeccable, malgré ses problèmes de santé. Nous parlons de tout et de rien pendant que je prépare son injection. Il me raconte son pays d'origine, l'Algérie, et sa jeunesse là-bas. Ces visites en soirée ont quelque chose de particulier. Le quartier se calme progressivement, les familles se retrouvent pour le dîner. En repartant, je croise d'autres infirmiers qui font leur tournée nocturne. Nous nous saluons discrètement, solidaires dans notre mission.