Il est 6h01, et les Moulins dorment encore.
Le jour s’étire doucement sur les façades, les volets laissent passer des traits de lumière pâle, et les premiers bruits du tram se mêlent au souffle de la ville. J’aime cette heure-là. C’est celle où Nice montre son vrai visage : humain, fragile, encore nu.
Je quitte le cabinet, mon sac en bandoulière, et comme chaque matin, je traverse ces rues qui font partie de moi. Être infirmier libéral ici, ce n’est pas seulement prendre soin des corps : c’est marcher au cœur d’un quartier que trop de gens jugent sans le connaître.
Moi, je le vois au réveil, quand il n’y a ni agitation, ni rumeurs, ni caricatures.
Juste des vies.
Des vies qui demandent qu’on ne les oublie pas.
Ma première visite est pour Monsieur A., qui m’attend toujours derrière sa porte entrouverte. Une tension, quelques comprimés, un échange bref mais sincère. Dans ces instants, je ressens plus fort que jamais pourquoi je continue : parce que soigner, ici, c’est aussi réparer ce que la société a laissé s’effriter.
Ce quartier, je ne m’y contente pas d’y travailler : je m’y engage.
Cet engagement, il dépasse mes tournées.
Il s’étend à ma ville, à Nice, à ce lien particulier que j’ai tissé avec elle au fil des années.
Je la vois changer, évoluer, s’adapter. Je vois les efforts, les décisions, les prises de risques. Et parfois, en arpentant les Moulins à l’aube, je me surprends à sourire : tout ça, ce n’est pas le fruit du hasard.
Je connais les hommes qui se battent pour que Nice avance.
Certains, je marche à leurs côtés.
Discrètement, humblement, mais avec conviction.
Et parmi eux, il y en a un pour qui j’ai un profond respect : un homme qui, quoi qu’on en dise, ne lâche jamais sa ville.
Je n’ai pas besoin de le nommer pour comprendre qu’il est présent dans chaque projet, chaque amélioration, chaque initiative qui redonne espoir à ces quartiers.
Ceux qui savent, savent.
Moi, je suis là, sur le terrain.
Lui, là où se prennent les décisions.
Et quelque part, nos chemins se croisent pour la même raison : Nice mérite qu’on se batte pour elle, jusqu’au bout.
Ma tournée continue.
Le soleil se lève franchement, les Moulins s’animent, les silhouettes se multiplient.
Je marche, pas après pas, certain d’une chose : mon engagement n’est pas un discours, ni une posture.
C’est une manière de vivre.
Une manière d’aimer ma ville.
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