Monsieur H. est tombé dans la toxicomanie depuis son adolescence. Il est aujourd'hui âgé de 34 ans et il veut en sortir. C'est très difficile, il lui faut beaucoup de force intérieure, de volonté, mais il se sent prêt à affronter ses démons. Le déclic a eu lieu il y a presque un an. Après une euphorie artificielle, la descente a été terrible. À ce prix, le voyage n'en valait pas la peine. Ce jour-là, il s'est rendu lui-même à l'hôpital. "J'ai touché le fond et j'ai eu peur de mourir", me raconte-t-il. Depuis, il suit un protocole de substitution sous surveillance médicale. Je viens quotidiennement pour ses médicaments et évaluer son état psychologique. Le sevrage est physiquement et moralement éprouvant. Certains jours, la tentation est très forte. "Les anciens copains m'appellent encore", avoue-t-il. Mais Monsieur H. a trouvé des ressources intérieures qu'il ne se connaissait pas. Il a repris contact avec sa sœur qui l'encourage dans sa démarche. Il s'est inscrit dans une association d'aide aux toxicomanes où il trouve de l'écoute et des conseils de personnes qui sont passées par les mêmes épreuves. "Pour la première fois depuis des années, j'ai des projets", me dit-il avec fierté. Ce courage face à la maladie addictive force le respect et nous rappelle que la rédemption est toujours possible.