Ce matin du 15 août, jour férié, la ville semble endormie. Beaucoup sont partis en vacances, mais pour certains patients, les soins ne peuvent pas attendre. Ma tournée est plus courte que d'habitude, mais chaque visite prend une dimension particulière. L'absence de bruit de circulation, le calme inhabituel des rues donnent une atmosphère différente à cette journée de travail. Chez Madame R., 85 ans, diabétique, je trouve un appartement inhabituellement silencieux. Ses enfants sont en vacances et ne pourront pas venir pour le déjeuner familial traditionnel. "C'est la première fois en 60 ans que je passe l'Assomption seule", me confie-t-elle avec une pointe de mélancolie. Nous prenons le temps de discuter. Elle me raconte les fêtes d'autrefois, quand toute la famille se réunissait. Ces moments de partage font partie du soin autant que l'injection d'insuline. Chez Monsieur P., dialysé, la situation est différente. Sa famille est restée pour l'accompagner. L'appartement embaume les parfums du repas de fête en préparation. "Vous prendrez bien un café et un morceau de gâteau ?", propose sa fille. Ces contrastes me rappellent que derrière chaque patient se cache une histoire familiale unique, des traditions, des solitudes aussi parfois.