28 août, 19:30
Chaque année en France, il y a près de 88 000 accidents du travail dans le secteur du bâtiment et des travaux publics. Monsieur H. est l’un de ces accidentés. Il y a un an, il a chuté d’une hauteur de cinq mètres d’un échafaudage, percuté par un sac de ciment tombé de la passerelle au-dessus. Que s’est-il passé après ? Il ne s’en souvient pas. Il y a un grand trou noir dans sa mémoire, et il s’est réveillé dans un lit d’hôpital trois semaines plus tard. Les conséquences sont lourdes : hémorragie intracrânienne, fractures des jambes, un coma avec des séquelles neurologiques importantes, et un ralentissement psychomoteur. Les premières semaines ont été très dures. Très diminué au début, il ne pouvait se déplacer qu’avec l’aide de sa femme, F., qui devait tout assumer : son travail à l’extérieur, les tâches ménagères, et le soutien moral à son mari qui ne voulait plus vivre dans ces conditions et se laissait littéralement mourir. Progressivement, il a repris le dessus sur lui-même quand il a réalisé l’amour que sa femme lui portait et l’abnégation dont elle faisait preuve. Aucun des deux ne s’était jamais lancé dans de grandes déclarations, mais les actes étaient plus éloquents que les paroles. Les conséquences de cette chute ne sont pas les seuls problèmes de Monsieur H. : il est aussi diabétique et a un adénome de la prostate. Je passe deux fois par jour pour des soins d’hygiène, des injections de Lovenox 0.4ml, un test de glycémie capillaire, et une distribution de médicaments. « Bonjour Monsieur H., comment ça va aujourd’hui ? Vous marchez de mieux en mieux. » - « Bonjour Monsieur Romain, petit à petit ça va mieux avec l’aide de ma femme ». Appuyé sur le bras de son fils, de passage ce soir, qui avait passé son autre bras autour de la ceinture de son père pour prévenir une chute toujours possible, Monsieur H. a tenu à me raccompagner lui-même jusqu’à la porte de son appartement. « A demain Monsieur H » - A demain Monsieur Romain »... A suivre... |