29 septembre, 18:30
Aujourd’hui, Monsieur M. est le dernier patient de ma tournée. Je sonne à l’interphone : « Bonjour Monsieur M., c’est Romain l’infirmier. » Pas de réponse… Quelques secondes plus tard, la porte d’entrée de l’immeuble s’ouvre et je m’engouffre immédiatement dans le hall. Quatre étages plus haut, arrivé devant son appartement, je frappe trois fois sur sa porte. Là aussi, pas de réponse. Finalement, j'entends des pas lourds s'approcher. La porte s’entrebâille, laissant apparaître le visage de Monsieur M. « Ah, c'est vous », dit-il avant retourner s'asseoir dans son fauteuil. La pièce unique de son appartement est sombre, les volets sont à peine entrouverts. Monsieur M., 69 ans, vit seul depuis le décès de sa femme il y a quatre ans. Atteint d'obésité morbide et de diabète de type 2, il a récemment été hospitalisé pour une infection au pied due à une plaie qui ne cicatrisait pas. Depuis sa sortie de l'hôpital, je viens chaque jour pour le suivi de son traitement et des soins de sa plaie. « Comment vous sentez-vous aujourd'hui ? » Il hausse les épaules sans me regarder. « Comme d'habitude. » « Je vais regarder votre pied, d'accord ? » Il acquiesce légèrement. Je retire doucement le bandage. La plaie semble propre, mais je note une légère rougeur autour. « Il va falloir surveiller ça de près. Avez-vous bien pris vos antibiotiques ? » « Je crois », murmure-t-il. Je jette un œil à la boîte de médicaments posée sur une étagère. Il reste plusieurs comprimés alors qu'elle devrait être presque vide. « Il vous reste encore des antibiotiques. Vous devez les prendre trois fois par jour. » « J'oublie parfois » dit-il en soupirant. « Monsieur M., c'est important de suivre le traitement pour éviter que l'infection ne revienne. Je peux vous aider à organiser vos prises si vous le souhaitez. » « Si vous voulez » me répond-il. Je nettoie la plaie avec précaution et applique un nouveau pansement. En notant les informations dans son dossier, je remarque une boîte de biscuits entamée sur la table. « Votre glycémie était élevée lors de la dernière mesure. Avez-vous contrôlé votre taux de sucre ce matin ? » Il secoue la tête. « Non. Le lecteur est cassé. » « Je vais vous en apporter un nouveau demain. En attendant, il faudrait éviter les aliments sucrés. » Il hoche la tête sans conviction. En quittant l'appartement, je réalise que, avec de la patience et de la persévérance, je suis sûr de pouvoir l'aider à améliorer sa qualité de vie... A suivre... |