le cœur d’un quartier s’apprête à battre autrement

Il y a des lieux qui portent en eux les cicatrices du temps, les promesses avortées et les recommencements obstinés.

La Gare du Sud, posée là comme un vieux cœur de fer et de verre au milieu de la Libération, est l’un de ces lieux.

Un endroit où les Niçois passent sans vraiment voir, comme si l’on s’habituait à la beauté parce qu’elle nous regarde depuis trop longtemps.

Mais aujourd’hui, quelque chose change.

Quelque chose s’ouvre.

Quelque chose respire à nouveau.

Et derrière cette respiration, il y a une volonté politique subtile, presque feutrée, qui dit que l’on veut rendre la ville à ceux qui la vivent.


Une renaissance qui ressemble à une promesse

La halle s’était cherchée. On l’avait vue se remplir de stands, de cuisines, d’idées lumineuses qui se sont éteintes plus vite que prévu.

Dans cet espace magnifique mais trop froid, trop haut, trop ambitieux parfois, on a voulu faire commerce.

On s’y est perdu.


Alors la Ville a décidé de faire ce que Nice fait de mieux lorsqu’elle reprend son souffle

créer du sens.


Christian Estrosi a présenté ce que sera la nouvelle version de la Gare du Sud

une Halle de la découverte, un centre culturel vivant, un lieu où l’on viendra autant pour apprendre que pour respirer, flâner, s’asseoir, voir, comprendre, jouer, rencontrer.


Un endroit où toutes les générations auront leur place.

Et ce n’est pas un détail.


Une politique du quotidien, sans grand discours mais avec des gestes


Ce projet culturel arrive en même temps qu’une autre annonce, passée presque discrètement mais qui change beaucoup de choses dans la vie réelle

la gratuité des transports publics pour les retraités, comme ils le sont déjà pour les enfants jusqu’à 11 ans.


C’est un geste qui ne fait pas de bruit mais qui parle.

Un geste qui dit que la ville n’est pas seulement pour ceux qui travaillent ou qui consomment, mais pour ceux qui ont donné une vie entière à la construire sans qu’on les entende assez.


Les jeunes, les grands-parents, les familles, les extrêmes de la vie se retrouvent soudain au même niveau

libres de se déplacer, libres de venir jusqu’à cette future Gare du Sud culturelle, libres d’exister dans la cité sans calculer les trajets.


C’est peut-être cela, la politique la plus subtile

celle qui se glisse dans les interstices du quotidien et qui, sans slogan, transforme la manière dont on habite sa propre ville.


La Gare du Sud comme trait d’union


On peut voir dans cette transformation une stratégie, puisque les municipales approchent et que les projets se multiplient.

Mais réduire cette renaissance à un simple calendrier serait manquer l’essentiel

le besoin profond de redonner un lieu de vie à un quartier qui, trop longtemps, n’a eu qu’un lieu de passage.


La Gare du Sud va devenir ce carrefour

un pont entre les générations, entre ceux qui créent et ceux qui contemplent, entre ceux qui apprennent et ceux qui transmettent.


Un espace où l’on pourra traverser une exposition comme on traverse sa propre mémoire, où l’on viendra feuilleter une BD, fabriquer quelque chose de ses mains au FabLab ou simplement boire un café au milieu des conversations niçoises.


Un pari sur l’humain plus que sur l’architecture


Ce projet n’est pas seulement une restauration.

C’est une réorientation humaine.


Il dit que la culture n’est pas un luxe.

Qu’elle n’est pas réservée à ceux qui savent, mais ouverte à ceux qui cherchent.

Qu’elle n’est pas un décor, mais un lieu où l’on grandit ensemble.


Et lorsqu’on met cela en regard avec la gratuité des transports pour les seniors, une cohérence apparaît

celle de vouloir une ville où aucun âge n’est mis à l’écart.

Une ville où l’on peut venir à la Gare du Sud à 10 ans pour jouer, et y revenir à 70 pour découvrir.

Une ville où, entre les deux, on ne cesse jamais d’être invité à vivre.


Nice écrit une page nouvelle avec douceur et précision


Rien n’est encore fait.

Il faudra des travaux, des choix, des ajustements.

Mais une direction se dessine

celle d’une ville qui veut relier, rapprocher, réunir.


La Gare du Sud n’est plus seulement un bâtiment.

Elle redevient ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être

un lieu de rencontres, un espace où l’on se retrouve, où l’on se reconnaît, où l’on se rappelle que Nice n’avance qu’ensemble.


Et c’est peut-être là que réside la plus grande subtilité politique

dans la capacité à transformer une ancienne gare en cœur battant d’une communauté.


✍️ Lucie Marchese