Il y a des tribunes où tu ne montes pas pour regarder un match.

Tu montes pour te rappeler qui tu es.


Et à Nice, ce rappel-là, il ne se fait pas dans les salons VIP, ni dans les discours propres des dirigeants.

Il se fait en Sud, là où le cœur cogne plus fort que le ballon, là où les Brigades poussent la ville à respirer quand elle voudrait parfois tout oublier.


Parce que la vie, ici, elle n’est pas polie.

Elle n’est pas tranquille.

Elle est brûlante, elle est rugueuse, elle est fière.

Et cette fierté-là, tu la sens dès que tu entres dans le virage, dès que les tambours se plantent dans ta poitrine, dès que la fumée t’enrobe comme un drapeau qu’on a juré de ne jamais baisser.


La Sud, c’est pas un décor.

C’est pas un folklore.

C’est une contre-offensive poétique.

Une rébellion douce mais déterminée contre tout ce qui veut transformer le football en produit, les supporters en clients, et la passion en marchandise.


Ici, on refuse.

On refuse la tiédeur, la résignation, la ville qui se gentrifie sous nos yeux sans demander l’avis de ceux qui la vivent vraiment.

On refuse les discours qui sentent la poussière.

On refuse les dirigeants qui oublient que le club n’appartient pas aux comptes bancaires, mais aux voix, aux gestes, aux mains qui se lèvent, aux cœurs qui s’ouvrent, aux gens qui chantent pour autre chose qu’eux-mêmes.


Dans la rage de la Sud, y’a de la beauté.

Parce que c’est une rage qui aime, une rage qui construit, une rage qui protège.

C’est pas la colère bête, brutale.

C’est la colère de ceux qui tiennent encore à quelque chose, de ceux qui ne veulent pas laisser mourir l’âme de leur club comme on laisse mourir une vieille façade derrière un panneau « programme immobilier de standing ».


Et ça, t’as vu, c’est politique.

Évidemment que ça l’est.

Quand tu chantes à 20 000, quand tu refuses le silence, quand tu te lèves même quand la ville voudrait te faire plier, tu fais de la politique la vraie, celle qui prend racine dans les tripes, pas dans les tableaux Excel.


Les Brigades Sud, c’est Nice avec les dents serrées.

Nice qui dit :

On n’est pas parfaits, mais on est vivants.

Nice qui refuse de s’excuser d’exister.

Nice qui danse, qui gueule, qui croit encore que le football est l’une des dernières cathédrales populaires où l’on peut rêver ensemble sans qu’on vienne mesurer le bruit au décibel près.


Et quand ça explose, quand le virage se tend comme un seul corps, quand le tifo s’élève comme un cri, tu sens un truc que les autres ne peuvent pas comprendre.

Un truc qui te prend au cou et te dit :

Ici, t’es chez toi.

Ici, tu fais partie de quelque chose.

Ici, tu n’es pas seul.


Alors oui, on chante fort.

Oui, on saute.

Oui, on tape du pied.

Parce que si on ne fait pas vibrer la ville, qui le fera ?


Et à la fin, quand le stade tremble et que la nuit avance, il reste toujours cette phrase, ce souffle, ce cri venu d’avant, venu d’ici, venu de ceux qui ne laisseront jamais crever l’identité :


“Qui sauta pas, es pas nissart !

Mamba tissou niçarte, sempre fòrt, sempre viuu !”


Facilement traduisible, difficilement domptable.

Comme la Sud.

Comme Nice.

Comme nous.

✍️ Lucie Marchese 🖤❤️